Si l’on aime à présenter les processus contemporains du design comme
des processus cycliques qui s’organisent de manière analytique selon différentes
étapes telles que la recherche, le développement de concept, le prototypage,
la phase de test et le re-design, une optimisation de la création nécessite
une expérimentation et une modélisation préalable de la matière, source de
toute production. Car sans ce regard expérimental, le design ne redéfinit pas
des processus de production mais seulement un produit. Son rôle est limité
et obligatoirement contraint à une production esthétique pure. Par exemple
lorsqu’une même chaîne de production, un même processus préétabli abouti à
la création d’une gamme d’objets presque identiques, qui diffèrent seulement
par leurs apparences extérieures. Parfois même ses produits sont identiques
sur le plan technique, seul les carters changent pour répondre au mieux aux
exigences visuelles et aux désirs mécanistes du consommateur. Sous la carapace
esthétique on retrouve l’objet technique clos. Le produit dérivé d’un processus
de fabrication précontraint. Quel est l’avenir d’un tel design, fermé, pensé
indissociable d’une industrie basée sur des lobbyings financiers, économiques.
La part de l’innovation réduite à sa portion congrue, maintenue en vie par les
croyances d’ingénieurs designers, de techniciens designers, qui parviennent tant
bien que mal à utiliser une matière dictée, imposée, au détriment d’une vision
plus globale et sensible de la vie.
Car si la technique s’empare du geste par le mécanisme et le reproduit,
le design doit façonner et modeler les gestes dans le mouvement esthétique et
technique des choses. Il doit créer du singulier quand la technique pure multiplie
et reproduit des individualités. La production design se doit d’être un processus
dynamique du vivant.
Ce n’est pas un objet qui est créé, c’est une matière qui est révélée.
Une matière à la fois durée et mouvement, qui se nourrit des forces présentes,
des gestes et des tensions qui constituent le milieu et l’environnement, pour
inventer de nouveaux points de fuite. Chaque nouvelle matière créée est un regard différent sur le monde. Les premières lignes, les premières images d’un
monde qui s’invente à chaque expérimentation. La matière est à cultiver vivante
pour construire de nouveaux sens, de nouveaux milieux, tout aussi vivants. Pour
vivre tout simplement.
Lire des extraits en .pdf, ( mot de passe 443144 )
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